Conception, suivi et animation d'un site web associatif


Page suivantePage precedente

3 - LES ÉLÉMENTS DE L'ARCHITECTURE

3.1 - Quelles informations pour quel public ?


Présentation

Sommaire


Moteur de recherche


Contact avec l'auteur

-

3.1 - Quelles informations
pour quel public ? (Internet et intranet)

A l'origine de la conception d'un site, se trouve la liste la plus complète possible des thèmes qui y seront abordés (2). La sélection des informations présentées s'appuie sur les réponses aux questions suivantes :

Enrichir la communication de l'association grâce au web

  • Pourquoi l'association a-t-elle besoin d'un site web ?
  • Quelles autres formes de communication utilise-t-elle déjà ?
  • En quoi le site web peut-il la compléter, l'enrichir ?

Connaître son (ses) public(s)

  • Quel(s) public(s) visez-vous (et comment sont-ils équipés pour la connection web (3) ?
  • Définissez les attentes de chacun d'eux.
  • Est-ce que ce sont les mêmes publics que ceux atteints par la communication traditionnelle ?
  • N'y a-t-il pas un public auquel vous n'avez pas pensé ?
  • Faut-il prévoir de traduire le site (ou les informations principales) en plusieurs langues (4) ?

Définir l'image de l'association

  • Qu'est-ce que le public sait de vous ?
  • Quel message voulez-vous lui faire passer ?
  • Quelle image d'elle-même veut donner l'association ? Définissez votre association d'une phrase, ou en quelques adjectifs : ses buts, ses méthodes, son histoire, son originalité, etc. L'image projetée par l'ensemble du site doit permettre de retrouver ces éléments de la personnalité de l'association : il est fondamental que vous vous reconnaissiez dans votre site pour que vos lecteurs vous y reconnaissent aussi.
  • Pensez-vous, pour votre site, à une logique de communication (site "carte de visite") ou à une logique d'information (site mobilisateur) ?

Objectifs du site : rendre service au lecteur

  • Pourquoi vient-il visiter le site ? Que cherche-t-il ?
  • Qu'avez-vous à lui donner ?
  • Quel(s) bénéfice(s) retire-t-il de sa visite ?
  • Quelles actions aimerait-il pouvoir effectuer sur le site, et pour obtenir quoi ?
  • Pourquoi reviendra-t-il, et avec quelle fréquence ?

Objectifs du site : établir la communication avec le lecteur

  • Que voulez-vous qu'il fasse ?
  • Quel type de contacts aurez-vous avec lui ? (e-mail, liste d'annonces, forum de discussion, formulaires... (5)

Evaluer le site et le faire évoluer

  • Comment mesurerez-vous le succès du site ?
  • Quelles rubriques devront être mises à jour ?
  • Comment évoluera-t-il ?
  • Que sera-t-il devenu dans quelques années ?retour

C'est en répondant à toutes ces questions au plus près des spécificités de l'association que votre site en sera réellement représentatif. Plusieurs écueils pourront ainsi être évités, qui vous menaceront jusqu'à la fin : penser tout mettre (tous vos communiqués, toute votre documentation, tout...), créer des rubriques qui resteront vides, ou prétendre à l'exhaustivité ("nous sommes les maîtres du monde et de l'information sur ce thème"). Chacune des décisions que vous prendrez plus tard, en ce qui concerne l'architecture, la navigation, la mise à jour, l'archivage, etc., doit viser à remplir l'un ou plusieurs de ces objectifs.

La tendance nouvelle, et correcte à mon sens, en ce qui concerne l'architecture des sites, est de privilégier les besoins du visiteur. Lorsque vous listez les documents à mettre en ligne, refléchissez, pour chaque élément, au type de lecteur intéressé par cette information. Déterminez les différents types de lectorat : curieux cherchant à en savoir plus sur votre association, sympathisant prêt à aider financièrement ou à participer activement, militant recherchant une information, journaliste ayant besoin du dernier communiqué, chercheur en sciences sociales ou politiques, organismes financeurs... La liste peut être longue. Pensez également que vous avez la possibilité, grâce au web, d'informer un public que vous n'atteignez pas (ou mal) avec votre communication papier. Un exemple : le courrier électronique que je recevais en tant que webmaîtresse contenait les remerciements de Français expatriés, en mal d'information sur le mouvement anti-fasciste et ne recevant pas notre journal. Vers la fin de l'année scolaire, nous étions également submergés de demandes d'aide de la part d'étudiants, Français ou étrangers, désirant rédiger un mémoire sur l'extrême-droite en France... Voilà deux "populations" que nous n'atteignons pas en diffusant notre journal sur les marchés !

Gardez présent à l'esprit que le web est un média inter-galactique : même s'il n'est qu'en français, votre site sera consulté par des lecteurs québécois, suisses, belges, africains, etc. Le degré zéro de cette prise de conscience consiste à donner les prix en francs français (FF, en abrégé), et à préciser "en France", chaque fois que vous évoquez un point valable uniquement sur le territoire national (par exemple pour la législation). Et merci au webmestre suisse qui m'a signalé ce manque sur la précédente version en ligne du texte que vous lisez... N'oubliez pas de préciser aussi, surtout si vous-même êtes multilingue, la langue des sites que vous proposez à la consultation. Quelques derniers conseils de bon sens : soignez vos expressions (pas d'argot franco-français), explicitez les sigles même s'ils vous semblent aller de soi, n'abrégez pas les dates (4/5, c'est le 4 mai, pour les Français, mais c'est le 5 avril, pour les Nord-Américains). Si vous décidez de traduire certaines pages, comptabilisez le travail de mise à jour dans votre charge de travail. Des pages en langues rarement mises à jour sont un mauvais point pour votre site : préférez, si vous craignez le manque de temps ou l'oubli, ne traduire que les informations génériques et intemporelles, quitte à y placer des liens vers vos pages mobiles en français, en prenant alors la peine de traduire le texte qui supporte ces liens.

La définition des publics visés influe sur le choix des informations présentées : chacun d'eux aura une attente particulière, donc un besoin particulier d'information. Vous pourrez, dans un deuxième temps, travailler à réunir votre informations en rubriques spécialisées par public. Et cette définition influe enfin sur les modes d'accès à l'information : lors de l'élaboration de la navigation, vous aurez à adapter les options de recherche à chacun des lectorats, et à satisfaire tout aussi bien le lecteur qui vient en curieux pour la première fois, celui qui revient périodiquement pour consulter vos mises à jour, celui enfin qui recherche une information précise.

J'insiste encore sur le fait que l'interactivité du web ne se mesure pas en quantité d'objets réagissant sous l'empire de javascriptose ou de shockwaveries (6), dès qu'on passe le curseur aux alentours. Ça, c'est de la technique, ce n'est ni de la communication, ni de l'information. Un site réellement interactif sait quelle information vient chercher le lecteur et lui fournit une panoplie d'actions pour s'en approprier ; il lui propose de participer au site et de donner son avis, par le courrier électronique par exemple, et organise la présentation de son information conformément aux besoins, aux intérêts, aux envies et aux capacités du visiteur.

retour

Les objectifs visés par la création du site peuvent être variés : diffusion de l'information (militante ou pratique), multiplication des militants, meilleure communication entre les militants, lancement ou soutien de campagnes, récupération de fonds... L'intérêt de l'Internet est bien sûr son impact national, voire international, difficile à obtenir, pour une petite association, avec un journal ou un mailing. Tout en se souvenant que la population connectée, même dans les pays du Nord, reste surtout composée de membres des classes aisées, intellectuelles.

Votre site s'adresse à des lecteurs extérieurs à l'association, mais peut aussi fonctionner comme un réservoir de textes à usage interne, afin de faciliter la communication entre les membres de l'association. A ce propos, posez-vous la question de la réalisation d'un "intranet". On appelle ainsi un ensemble de pages contenant des informations à usage interne, pour les membres de votre association uniquement, réunies dans un répertoire spécial auquel l'accès est restreint, par un mot de passe par exemple (voyez avec votre informaticien et votre fournisseur d'hébergement, pour les modalités techniques).

Un intranet peut-être très utile lorsqu'il s'agit de sensibiliser l'assocation à l'intérêt d'un site web. Vous y mettrez des informations concrètes, utiles qui donneront envie aux militants et aux permanents d'aller consulter ces pages : ainsi, l'habitude sera prise de le consulter, de s'en servir comme source d'information, et bientôt apparaîtront l'envie de l'enrichir et les idées pour. J'ai connu un site institutionnel, froidement accueilli en interne à sa création, qui a vu décupler les consultations lorsque les pages de l'intranet ont proposé... les menus du restaurant d'entreprise !

Mise à part la présentation du plat du jour au bouiboui d'en face, voici quelques idées de contenu pour votre intranet :

  • le répertoire des numéros de téléphone et des e-mail des militants et/ou permanents (attention, s'il s'agit d'un fichier nominatif, vous aurez intérêt à le déclarer à la CNIL) ;
  • les conseils pour la mise à jour des pages du site et les gabarits nécessaires, si le site est réactualisé par plusieurs personnes ;
  • la date de la prochaine AG et les thèmes discutés ;
  • les commandes pour le prochain Arbre de Noël ;
  • les informations du comité d'entreprise et des syndicats...

Attention cependant : la sécurisation de ce répertoire n'est pas assurée à 100 %. N'y installez donc pas de document trop sensibles, ni de données techniques pouvant aider un pirate astucieux à saccager votre site ou à bloquer votre messagerie de mails injurieux.

Vous pouvez, si vous avez le temps, les capacités ou l'argent, imaginer une maquette visuelle qui soit à la fois différente (le lecteur sait qu'il se trouve sur les pages de l'intranet) et intégrée au reste du site (le lecteur sait qu'il n'a pas quitté le site de l'association).

Voilà pour l'intranet. Si l'idée ne vous séduit pas, vous pouvez tout de même prévoir une série de pages dont la rédaction et la mise à jour seraient confiées aux militants, aux structures de base. En ce cas, ces pages seront accessibles à tous : elles serviront à proposer vers l'extérieur un reflet de l'activité de base très personnalisé, et à permettre un flux d'informations, de type horizontal, entre les structures de base.

Un détail qui a son importance, dans le cadre d'une association : lors de la réflexion sur le contenu, adaptez celui-ci à vos forces... Sachez sur qui vous pourrez compter, aussi bien pour la réalisation du site que pour sa mise à jour. Combien de personnes seront prêtes à vous aider, maintenant et sur le long terme ? Combien seront capables de mettre à jour périodiquement une rubrique, afin que votre site se renouvelle ? Qui se chargera de transmettre les textes et les images nécessaires à la mise à jour ? L'association peut-elle dégager un(e) permanent(e), à temps plein ou partiel, chargé(e) du suivi ? Si vous êtes pressé d'en effectuer le lancement, prévoyez plutôt une version courte mais complète de votre site, quitte à l'agrandir plus tard. Cette option d'un site restreint mais opérationnel peut être maintenue durant les premiers mois de son existence, vous laissant le temps de consolider ou d'élargir l'équipe responsable du suivi, de mieux sensibiliser l'association aux avantages du web et de vérifier au fil du temps que vous en avez encore (du temps) pour vivre et respirer.

Toute cette réflexion fait l'objet d'une première discussion au sein de l'équipe de conception, si vous choisissez cette méthode de travail ou, si vous êtes chef de projet et seul en charge, avec les instances dirigeantes de votre association (si vous en avez et savez où elles se trouvent). C'est une manière de les sensibiliser à la future existence du site web, de vérifier que vous n'avez rien oublié d'important, et que votre "politique de communication" (pour employer le jargon publicitaire), c'est-à-dire la manière dont vous organisez l'information présentant l'association, fait l'unanimité. Rédigez pour l'occasion un premier texte calant vos idées, l'ébauche d'un cahier des charges, qui vous sera utile par la suite.

Au terme de cette réflexion, vous avez une liste, en vrac, des informations à proposer sur le site. Profitez-en pour faire un peu de ménage sur vos ordinateurs, et commencez à rassembler les "documents sources", c'est-à-dire les textes (ou les images) nécessaires qui sont déjà numérisés ("mais où ai-je mis ce fichu communiqué de 1986 ?").

retour


Complétez cette section :

- Pour la définition des rubriques, voir le par. 3.2 - Structure claire et logique.

- Pour l'adaptation de la navigation à différents types de lectorat, voir le par. 3.3 - Navigation intuitive et adaptée.

- La participation des structures de base est abordée dans le par. 4.3 - Prise en charge par l'association. Plus généralement, l'utilisation d'un site web pour une information "horizontale" est évoquée dans le chapitre 4 - L'animation du site.

- Pour la composition de l'équipe responsable de la conception et/ou du suivi , voir le par. 4.1 - Quelle équipe ?

- Faites un tour par le par. 3.6 - Mise à jour quand vous aborderez les rubriques à contenu dynamique.

- Pour la déclaration de fichiers nominatifs à la CNIL, voir le par 4.6.2 - Du côté des officiels

- Quant à l'origine des textes composant vos pages, j'en parle dans le par. 4.3 - Prise en charge par l'association.

- Vous prévoyez une version courte à mettre en ligne rapidement ? Voyez le par. 3.6 - Mise à jour fréquente, version complète.

- La rédaction d'un cahier des charges est abondamment discutée dans les par. 6.2 - Cahier de conception, cahier de réalisation et 6.3 - Travailler avec un prestataire.

Page suivantePage precedente


Notes

(2) En ce qui concerne le contenu de votre site, rappelez-vous que les lois en vigueur sur la diffusion de certaines idées ou sur la diffamation s'appliquent également à l'Internet. Relisez vos textes et assumez-les...

(3) Voir à ce sujet le chapitre précédent, sur la technique.

(4) Vous pouvez prévoir une version minimum en langue(s) étrangère(s), en ne reprenant que les informations principales. Voir l'exemple de la WWF (World Wide Fund For Nature) qui propose, en français et en espagnol, les brèves du mois :

http://www.panda.org/

(5) Cf. par. 4.4 - Contacts avec les lecteurs.

(6) Cf. ch. 1 - La technique.

retour


"Conception, suivi et animation d'un site web associatif" - Eve Demazière - Décembre 1999 - eve@internatif.org
http://www.internatif.org/eve/serveurs/3_1.html - Mis à jour : Samedi 21 juillet 2001