ANNEXES
Annexe 1 - Comment
marche l'Internet ?
Annexe 2 - Qui fait quoi dans
l'Internet ?
1 - Qui
dirige l'Internet ?
2 - Les
domaines et leurs noms
3 - Les
fournisseurs
4 - Les
enjeux économiques
Annexe 3 - Ergonomie
sur le web
Annexe 4 - Document
de conception-réalisation de ce site
Annexe 5 - Accès
des sites web aux handicapés
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Annexe 2
Qui fait quoi dans l'Internet ?
Cette annexe, rédigée par Stéphane
Bortzmeyer, décrit les acteurs de l'Internet et
notamment les différents types de fournisseurs
intermédiaires, leurs intérêts propres,
leurs relations, etc.
1 - Qui dirige Internet ?
Personne, répond-on souvent. Évidemment, ce
n'est pas tout à fait vrai. Sur Internet comme
ailleurs, il vaut mieux être riche et blanc que pauvre
et noir.
Il n'y a pas une Direction unique d'Internet : les
différents aspects du réseau sont
contrôlés par des organisations
différentes, et souvent rivales. Cela assure un
certain pluralisme. Souvent, cette absence d'une Direction
unique, responsable de tout et capable de tout
contrôler, étonne et inquiète les
nouveaux venus. C'est ici, et pas dans les détails
techniques sur le protocole TCP/IP, que gît
l'originalité d'Internet. C'est cette
différence de culture qui gêne tellement les
habitués de la structure hiérarchique. On
entend des gens d'habitude plus libéraux dire "Mais
on ne peut quand même pas laisser faire n'importe
quoi". Mais si, on peut. L'Internet fonctionne très
bien sans une hiérarchie traditionnelle.
Mais l'Internet est loin d'être l'idéal
anarchiste concrétisé : de nombreux requins
nagent dans ses eaux, qui ont d'autres buts que le bien de
l'humanité. En France, un fournisseur d'accès
Internet commercial, filiale d'un fameux marchand d'armes, a
ainsi fait sa publicité sur le thème de la
défense de la liberté et de la lutte contre la
fascisme (oui, ils ont osé).
Le but de cette annexe est donc de présenter ces
différentes forces, de montrer leur rôle et
d'en expliquer les stratégies.
Les domaines et leurs noms
Un des endroits où la lutte entre les acteurs
d'Internet est la plus visible est la gestion des domaines.
Les domaines sont à la base du nommage dans
l'Internet. Tout nom que vous trouvez dans une adresse,
comme la partie à droite du @ dans une adresse de
courrier électronique ou bien la partie entre le
http:// et le / suivant dans une adresse du Web est un nom
de domaine. Ils sont gérés
hiérarchiquement. Le champ le plus à droite
(les champs sont séparés par des points) est
le plus proche de la racine. Il a deux lettres, identifiant
un pays (ca pour le Canada, ni pour le Nicaragua, etc) ou
bien trois lettres, identifiant un secteur d'activité
(com pour le commercial, org pour les ONG, etc.).
Les champs suivants (en allant de la droite vers la
gauche), sont de plus en plus spécifiques. Ainsi,
dans l'adresse de courrier jean@chimie.u-strasbg.fr, le nom
de domaine permet de voir que l'on a affaire à un
chimiste de l'université de Strasbourg, en
France.
Il est en général très
intéressant d'avoir son propre domaine : cela vous
assure notamment un minimum d'indépendance
vis-à-vis du fournisseur. Si votre association se
nomme XYZ et votre fournisseur FAI, avoir une adresse Web de
type http://www.fai.ch/xyz/ vous fait dépendre du
fournisseur : si vous en changez, vous devrez
prévenir tous vos correspondants. Alors qu'une
adresse de type http://www.xyz.ch/ ne maintient aucun lien
avec le fournisseur (1). Cela a un
coût (typiquement un coût de mise en place
initiale plus un coût mensuel ou annuel) mais cela
vaut la peine (2).
Les domaines sont techniquement gérés par
un mécanisme nommé DNS (Domain Name System).
Un des concepts essentiels du DNS est la notion
d'autorité. Avoir autorité sur un domaine,
c'est la possibilité de créer des adresses
dans ce domaine. Ainsi, si j'ai autorité sur le
domaine u-tachkent.tm (3), j'ai la
possibilité de créer (ou non) des adresses
pour un serveur Web, pour du service de courrier dans cette
université, etc.
Le domaine le plus élevé, la racine, est
actuellement supposé être confié
à un organisme états-unien, l'ICANN (4).
La gestion technique est confiée à la
société Verisign (qui a racheté Network
Solutions, qui assurait historiquement cette
tâche).
En dessous de la racine, l'ICANN délègue
des domaines. 'fr' est délégué à
une organisation française, AFNIC (Association
Française pour le Nommage Internet en
Coopération), 'sn' est délégué
à l'université Cheikh Anta Diop à
Dakar, etc. Ces organismes ont à leur tour
autorité. Pour créer "enda.sn" pour
l'association Enda (5), il faut s'adresser
au NIC (Network Information Center)
sénégalais. On peut alors recevoir une
délégation et avoir à son tour
autorité sur un petit bout du grand arbre des
domaines.
Les domaines à trois lettres (comme 'com' ou
'org') sont depuis 2000 gérés par un
mécanisme plus complexe. Il existe pour chacun d'eux
un registre qui garde la liste de tous les domaines
alloués. Verisign est registre de 'com', 'net' et
'org', NeuLevel de 'biz', etc. (de nouveaux domaines
génériques apparaîtront dans les
prochains mois). Mais la vente effective de ces domaines est
faite par des bureaux d'enregistrement, qui doivent
être agréés par l'ICANN. Ces bureaux,
comme Gandi (6), vendent des domaines tout
en payant Verisign ou NeuLevel pour la tenue du registre.
Chaque bureau d'enregistrement a des prix différents,
et une politique différente en ce qui concerne la
propriété du domaine que vous venez
d'acheter.
Ensuite, il y a à nouveau
délégation. 'eu.org', les noms de domaine
gratuits, est ainsi délégué au groupe
"Free DNS" (7).
Qu'en est-il en pratique pour vous ? Cela veut dire que,
pour avoir votre propre nom de domaine, vous allez devoir
(vous ou bien un fournisseur qui accomplira cette
démarche pour vous) demander au NIC qui gère
le domaine qui vous intéresse de créer les
adresses convoitées ou bien de déléguer
un domaine. Choisissez-le bien. S'enregistrer dans 'com'
est, pour une association, une grosse erreur, puisque vous
n'avez pas d'activités commerciales. 'org' ('eu.org'
si vous manquez d'argent ou bien si vous voulez soutenir
cette initiative) ou bien un domaine national est plus
adapté.
Le nom de domaine étant l'élément le
plus stable de votre présence sur le Web, ce choix
est crucial. J'ajoute donc des recommandations. Prenez un
nom facile à mémoriser et à taper, et
assurez-vous que la personne qui effectue l'enregistrement
met bien votre association comme propriétaire du
domaine (certains fournisseurs peu scrupuleux se mettent
comme propriétaire, ce qui aidera à retenir un
client qui voudrait partir) et au moins une personne de
l'association comme contact du domaine (là encore,
certains fournisseurs ne mettent que des employés
à eux comme contacts, alors que seuls ces contacts
peuvent modifier le domaine par la suite).
Chaque NIC a ses propres règles en ce qui concerne
le nommage. C'est ainsi qu'en France, AFNIC vous enverra
dans le domaine 'asso.fr', seules les entreprises ayant
droit à être directement dans 'fr'. N'oubliez
pas en outre que la concurrence est rude et qu'une autre
association, quelque part dans un pays lointain, a pu
demander le nom que vous convoitez dans 'org'.
3 - Les fournisseurs
Beaucoup d'intermédiaires sont présents sur
Internet. On les regroupe en général sous le
terme de fournisseurs (ou prestataires). Voyons les
différentes catégories.
Juger de la qualité de la prestation d'un
fournisseur n'est pas facile. Je me contenterai de lister
quelques critères : le prix en est évidemment
un mais attention. La gratuité se paie souvent cher
car un fournisseur commercial ne fait pas de cadeaux. La
qualité technique est très difficile à
évaluer. En outre, dans un domaine aussi mouvant,
elle change rapidement. Il suffit que le taux de croissance
soit un peu trop élevé et un excellent
fournisseur voit son service se dégrader.
L'adéquation à votre projet est un
critère important. Si vous êtes une
organisation pacifiste, ce n'est pas forcément une
bonne idée que de se faire héberger chez un
fournisseur qui est la filiale Internet d'un grand groupe
d'armement.
4 - Les enjeux
économiques
Les fournisseurs présentés ci-dessus
luttent pour un gâteau dont la taille est inconnue
(9) mais dont les promesses sont
nombreuses. Aussi, la lutte est-elle rude. Les
méthodes utilisées pour gagner des clients
varient : très souvent, on essaie de baisser les
prix, jusqu'à devoir abandonner, comme c'était
arrivé en France à la filiale Internet
d'Havas. Il faut savoir qu'un abonnement d'un fournisseur
d'accès à 15 euros par mois ne peut pas
être rentable. À ce prix-là, il est
impossible de simplement payer son personnel et ses
machines. C'est pour cela que d'autres voies sont
explorées par les fournisseurs d'accès pour
être un jour rentables.
Pour gagner de l'argent, parfois, on essaie de se faire
payer par la publicité. Ailleurs, surtout chez les
fournisseurs d'accès, on compte sur le commerce
électronique. On se dit que les clients ne paient
guère, mais qu'ils formeront une clientèle
toute trouvée pour les futures boutiques virtuelles.
Le responsable d'une société qui distribue de
l'accès Internet "gratuit" répondait
cyniquement à ceux qui lui affirmaient que ce
n'était pas une démarche économique
normale : "On ne fait pas payer les clients pour rentrer
dans le magasin".
Pour les fournisseurs d'hébergement, on compte
plus souvent sur la publicité. Les associations qui
tombent dans le panneau d'offres d'hébergement
"gratuit" voient souvent leur site orné de bandeaux
de pub, du plus bel effet si on réalise un site
militant...
Seuls les réalisateurs de sites Web n'ont pas ce
problème : les tarifs pratiqués actuellement
pour la réalisation d'un simple site les mettent
à l'abri du besoin.
La gratuité est un piège courant dans les
offres des fournisseurs. Je tiens donc à rappeler
qu'elle est surtout un argument commercial. Lisez bien les
petites lettres du contrat avant d'accepter une offre
gratuite.
La distinction entre fournisseurs marchands et
non-marchands ne tient donc pas essentiellement au prix,
elle est plutôt dans le type de rapport qu'ils
entretiennent avec les clients ou membres : simples vaches
à lait ou bien partenaires ?

Complétez cette section :
- Vos relations avec votre fournisseur d'accès
sont abordées en détail dans le par. 2.4 -
Hébergement adéquat ;
celles avec votre agence de conception dans le par. 6.3 -
Travailler avec un prestataire.
Notes
(1) Cela ne signifie pas que
l'éventuel changement de fournisseur se fera sans
douleur mais cela en limitera les conséquences.
(2) Pour AFNIC, en France, cela
dépend de beaucoup de choses. Disons dans les 900 FF
à la création. Mais c'est beaucoup moins cher
pour les .com ou .org. Conscient du caractère
dissuasif de ces prix, l'AFNIC, à l'été
2001, lance une grande opération de promotion....
temporaire : il faudra ensuite payer pour le renouvellement
du domaine.
http://www.afnic.asso.fr/Procedures/couts.html
(3) Université de Tachkent au
Turkménistan.
(4) L'ICANN :
http://www.icann.org/
(5) Enda est une organisation d'aide au
développement.
(6) Gandi :
http://www.gandi.net/
Pour approfondir le thème des noms de domaine,
voir la confession de Laurent Chemla, l'un des fondateurs de
Gandi, "Je suis un voleur" :
http://www.chemla.org/textes/voleur.html
(7) Si vous voulez avoir votre propre nom
de domaine, sans débourser un centime, ou bien si
vous n'êtes pas satisfait des règles de nommage
du domaine que vous convoitiez ("fr" est très
contraignant), vous pouvez obtenir un nom de domaine en
"eu.org" avec le minimum de formalités.
http://www.eu.org/
(8) Et quelle gloire que de marcher sur les
traces de Voltaire ou de Diderot, qui se faisaient
éditer à Genève, Bruxelles ou Londres
pour les mêmes raisons !
(9) Pour l'instant, Internet ne rapporte
d'argent qu'aux fabricants de matériel et aux gros
opérateurs de télécom.

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