ANNEXES
Annexe 1 - Comment
marche l'Internet ?
Annexe 2 - Qui
fait quoi dans l'Internet ?
Annexe 3 - Ergonomie sur le
web
1 - Introduction
2 - Recommandations
Annexe 4 - Document
de conception-réalisation de ce site
Annexe 5 - Accès
des sites web aux handicapés
Présentation
Sommaire
Moteur de recherche
Contact avec l'auteur
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Annexe 3
Ergonomie sur le web
Introduction
Je présente ci-dessous ma version
résumée des résultats de recherches
effectuées à l'INRIA (1), en
1998, sur l'ergonomie des sites web.
L'ergonomie est la science qui étudie comment
faciliter, grâce à une conception judicieuse,
l'utilisation par l'humain d'objets manufacturés, de
machines. Les exemples désopilants
développés par Donald A. Norman (2)
montrent qu'elle se niche au plus profond de notre
quotidien : une porte qui refuse de s'ouvrir parce
qu'on persiste à la tirer au lieu de la pousser, un
robinet d'hôtel qui ébouillante parce qu'on ne
comprend pas comment ajouter de l'eau froide, un
téléphone aux fonctions aussi multiples
qu'obscures, un magnétoscope qui refuse
obstinément d'enregistrer, à la bonne heure,
le programme de la bonne chaîne... Autant d'objets
quotidiens qui ont été mal conçus,
créant par là un rapport à
l'utilisateur semé pour ce dernier d'incertitudes,
d'incompréhension voire de rancur...
Encore heureux qu'aucun publicitaire n'ait jamais
songé à vous vendre ce magnétoscope en
vous promettant une relation intuitive et interactive avec
l'engin ! Or, c'est la ligne adoptée pour la
promotion de l'Internet, afin de minimiser
l'appréhension du commun des mortels face à
l'ordinateur, bien compréhensible pour tous ceux qui
ont eu à s'en servir, sans formation et sans soutien,
dans le cadre de leur profession. Je persiste à
affirmer, pour ma part, que l'utilisation fructueuse de
l'Internet est loin d'être simple, et qu'elle
nécessite, comme tout apprentissage d'une technique
complexe, aide, conseils, explications, tâtonnements
et expérience. Et puis, sur le web, il y a de bons
sites, clairs et accueillants, et d'autres où une
chatte ne retrouverait pas ses petits.
Ceci étant posé, vous comprenez pourquoi il
vous faut être particulièrement vigilant :
votre site, pour pouvoir être visité sans peine
et avec le maximum de profit, doit posséder un
certain nombre de qualités, qui toutes concourrent
à ce que sa découverte soit, pour votre
lecteur, la plus simple, la plus sûre et la plus
bénéfique possible, en terme d'acquisition
d'informations.
Dans cette perspective, les qualités, ou les
défauts, d'un site web sont mesurables grâce
à une série de critères. Certains
d'entre eux proviennent de vingt années
d'études sur les ordinateurs et leurs logiciels (vous
trouvez que le succès est plutôt mitigé,
en terme de convivialité avec l'engin qui occupe la
moitié de votre bureau ?). D'autres sont
spécifiques au web, et se basent sur l'étude,
souvent empirique, du comportement du visiteur face à
un nouveau site. Le panel de testeurs constitué tient
bien sûr compte des différents niveaux de
connaissance et de pratique du web, et des variations
d'équipement (machine, logiciels, connexion). Les
ergonomes pratiquent plusieurs types de tests, dont les deux
suivants qui me semblent faciles à
réaliser :
- "l'exploration libre commentée" : le
visiteur se promène à son gré sur le
site, et exprime à voix haute ses plaisirs et
déceptions. On peut aussi envisager une balade
à deux, avec une discussion plus naturelle entre les
deux utilisateurs. Dans tous les cas, l'auteur du site doit
se situer un peu en retrait, pour ne jamais
interférer dans la navigation et pouvoir prendre note
des appréciations et des suggestions. Au mieux, il
pourra demander à l'utilisateur ce qu'il pense
trouver derrière telle icône de navigation ou
tel lien.
- l'exécution de tâches réelles
: l'auteur demande à son testeur de trouver une
information précise sur le site. Il mesure combien de
temps et d'actions sont nécessaires, note quelles
erreurs et quelles difficultés ralentissent la
recherche, et si celle-ci est couronnée de
succès.
Les critères qui suivent sont donc autant de
recommandations à l'aune desquelles vous mesurerez
l'efficacité de votre site. Lisez sans
inquiétude : l'ergonomie est une science de la vie
quotidienne, qui vient à la rescousse de
l'utilisateur en expliquant que c'est l'objet qui est mal
conçu, et non l'humain irrémédiablement
obtus et maladroit. Vous serez certainement surpris par
l'aspect "bon sens" des recommandations, et pourtant... Si
tous les sites "professionnels" obéissaient à
ces conseils, la visite du web serait réellement le
jeu d'enfant qu'on nous promet, et non l'appréhension
du labyrinthe visité sans fil ni Ariane.
J'ai repris ici la classification de l'INRIA, et, pour
chacun des critères, j'ai résumé son
but et ses moyens. Les applications pratiques qui en
découlent sont déjà
intégrées aux divers chapitres de cet ouvrage,
mais il m'a semblé intéressant de les
regrouper en une annexe à part, afin qu'elles vous
fournissent, lorsque votre site est déjà bien
avancé, un tableau synthétique de
vérification, un filtre différent
d'appréciation. A vous de juger si certaines de ces
recommandations ne s'appliquent pas de manière plus
spécifique à votre site et aux performances
que vous tenez à proposer à vos lecteurs.

2 - Recommandations
1. Guidage
Ce terme regroupe l'ensemble des moyens mis en uvre
pour conseiller, orienter, informer le lecteur et l'inciter
à effectuer certaines actions. En effet, pour
être à l'aise, le lecteur doit savoir à
tout moment où il est, ce qu'il peut faire et quelles
sont les conséquences de ses actions, sans avoir
à mémoriser trop d'informations liées
à la structure du site. Il doit également
pouvoir demander de l'aide. La mission du concepteur
consiste en guider le lecteur vers des actions
spécifiques, lui indiquer les choix possibles propres
à lui faire découvrir l'information, lui
éviter perte de temps et sensation
d'égarement.
A ce premier groupe de recommandations
appartiennent :
- la présence obligatoire, sur chaque page,
d'un certain nombre d'informations : le nom du site
ou de l'association, le nom de la rubrique visitée
(titre de la page), la barre de navigation, un accès
au sommaire, à la page d'accueil, les crédits,
un e-mail pour prendre contact ; penser à
proposer, si nécessaire, une brève table des
matières de la rubrique visitée ;
- la rigueur dans l'utilisation des liens :
choix judicieux des mots qui les proposent, bonne
intégration de ces mots dans le texte, redondance
entre ces mots, et le titre et le contenu de la page obtenue
lorsqu'on clique sur le lien ; penser à indiquer
le poids du fichier de destination, s'il est
volumineux ;
- une judicieuse rédaction des titres
(titles) des pages, afin que le lecteur puisse
les utiliser pour se repérer dans l'historique de sa
consultation ;
- des explications limpides pour l'utilisation du
moteur de recherche ;
- l'organisation visuelle des informations :
le graphisme soutient et renforce les distinctions entre les
informations, car il permet d'en rapprocher ou au contraire
d'en séparer les éléments en utilisant
des critères de localisation
(proches/éloignés), de format (grand/petit ;
rond/carré), d'apparence
(semblables/différents) ;
- la lisibilité : pas de sentiment de
confort sans une lecture facile pour l'il. Eviter les
italiques et les majuscules pour le texte ; soigner le
contraste entre la couleur de celui-ci et celle du
fond ; éviter les lignes de texte trop longues,
les textes clignotants ou défilants...
2. Charge de travail
Plus les éléments présentés
à l'écran sont compréhensibles, plus
l'attention nécessaire pour comprendre et
maîtriser la navigation est réduite, plus
l'interaction avec le site est rapide et efficace, et moins
il y a de risques d'erreur ou d'égarement.
Parmi les critères réduisant la charge de
travail :
- la concision : soignez les noms de
rubrique, réduisez le nombre d'éléments
d'une liste, organisez vos textes en paragraphes courts (un
paragraphe = une idée)...
- la brièveté des opérations
menant à un résultat : évitez
à votre lecteur d'avoir à redimensionner les
frames ou la fenêtre, permettez-lui de trouver des
pages informatives à deux (maximum trois) clics de la
page d'accueil, aidez-le avec une navigation locale dans les
pages longues...
- la densité d'information ne doit
être ni trop élevée, ni trop
basse : évitez les informations inutiles ou
distrayantes, l'accumulation de liens, les pages trop
longues ou vides d'informations...
3. Contrôle
Le lecteur doit garder le contrôle de ses actions.
Il ne faut pas, dans le but d'accélérer
l'exécution des tâches, que vous cherchiez
à anticiper ses choix pour les réaliser
à sa place. Laissez-lui une marge de décision.
Par exemple, conservez l'option "annuler" sur les
formulaires, indiquez le poids d'un fichier à
charger, surtout s'il est lourd, permettez-lui
d'arrêter le défilement d'une animation, de
couper la petite musique...
4. Adaptabilité
C'est la capacité du site à répondre
aux besoins, aux préférences et au niveau
d'expérience de différents types de lecteurs.
Il faut travailler à proposer plusieurs modes
d'accès aux mêmes informations, prévoir
une démarche pour les nouveaux venus (explication du
site, "visite guidée") et une autre pour les
habitués (rubrique type "quoi de neuf sur le site",
raccourci menant directement, depuis la page d'accueil, vers
une info intéressante...).

5. Gestion des erreurs
Si certaines actions sur votre site peuvent
entraîner des fautes de manipulation, pensez à
rédiger avec soin les messages d'erreur. Ils doivent
être clairs, indiquer une solution possible, et ne pas
décourager le lecteur. Evitez donc de l'insulter...
Vous pouvez avoir à rédiger ces messages
lorsque votre site utilise des frames, et que le navigateur
de votre lecteur ne peut les gérer : il faut
alors aiguiller ce dernier avec tact vers la version "no
frame". Idem pour les javascripts, que certaines versions
des navigateurs ne reconnaissent pas. Autre exemple :
si votre lecteur lance une recherche et n'obtient aucune
réponse, votre moteur doit pouvoir lui proposer une
nouvelle recherche, une lecture attentive de son mode
d'emploi, un lien vers le plan du site ou son sommaire. De
votre côté, réduisez les risques
d'erreur : vérifiez périodiquement la
validité des liens que vous proposez vers d'autres
sites, soignez les redirections si les URLs de vos pages ont
changé. Et prévenez vos lecteurs avec une page
d'explication, si vous décidez de fermer votre
site.
6. Cohérence
Afin de faciliter l'apprentissage du fonctionnement,
veillez à la stabilité de la structure des
pages, tant au niveau du graphisme que du contenu. Les choix
graphiques et conceptuels doivent être maintenus tout
au long du site. Autrement dit : dans le même
contexte de recherche ou de navigation, une série
d'actions effectuées sur un même type de page
donnera les mêmes résultats. Par exemple,
toutes les rubriques s'ouvrent sur une page explicative, de
navigation, qui mène vers des pages informatives,
à contenu. La mise en page aussi doit être
stable, tout particulièrement en ce qui concerne la
formulation et l'emplacement de la navigation, mais c'est
également valable pour les repères de
localisation (où suis-je ?) et pour la
présentation du texte. Autre exemple : le logo
de votre association, placé en haut à gauche
et qui ramène vers la page d'accueil, sera à
cet endroit sur toutes les pages et aura toujours la
même fonction de retour à la même page.
D'où l'intérêt de créer
rapidement un gabarit par type de page, qui servira à
la réalisation de toutes les pages du même
groupe.
7. Simplicité des codes
Les symboles, quels qu'ils soient, doivent être
compréhensibles afin de ne pas ralentir la
compréhension du site, la mémorisation de sa
structure et l'acquisition de l'information. Soignez le
choix des icônes, le nom des rubriques ;
évitez les abréviations, les termes techniques
peu familiers au grand public. Pensez aux titles
qu'on garde dans les signets, et aux noms de fichiers qui
apparaissent lorsque le curseur passe sur un lien :
tous doivent être signifiants (ce n'est pas toujours
possible pour les noms de fichiers sans qu'ils soient trop
longs, mais faites un effort).
8. Compatibilité
Elle est de deux types :
- site/lecteur
- site/autres applications, environnement
informatique.
Dans le premier cas, pensez aux caractéristiques
spécifiques du lecteur (ses habitudes, son âge,
ses attentes, ses facultés), telles que vous avez pu
les cerner.
- Certains sont daltoniens : vérifiez que le
contraste entre vos couleurs est suffisant, en passant votre
écran en noir et blanc. Prenez en compte les
détails techniques permettant aux handicapés
visuels de naviguer sur votre site.
- D'autres désactivent le chargement d'image, pour
aller plus vite.
- Dans le moteur de recherche, proposez de n'effectuer la
recherche que sur une partie du site.
- Pour l'impression, proposez une version
intégrale du texte, et non morcelée en
plusieurs pages : c'est plus lourd à
télécharger (vous indiquerez le poids du
fichier), mais plus simple d'imprimer un seul document
qu'une multitude de pages. Votre gabarit, si vous utilisez
des tables de mise enpage à colonnes fixes, aura
évidemment une taille permettant son impression
(535 pixels de largeur).
Dans le deuxième cas, il s'agit de veiller
à ce que votre site s'adapte à tout type
d'environnement (petit écran ; impression du
texte sur une petite imprimante en noir et blanc ;
connexion de mauvaise qualité ou très
onéreuse ; avant-dernière version du
système d'exploitation...).

Notes
(1) Ces recherches m'ont aimablement
été communiquées par Dominique Scapin,
directeur du laboratoire de psychologie ergonomique pour
l'informatique de l'INRIA (Institut national de recherche en
informatique et automatique). Vous en trouverez un excellent
résumé dans le cours de l'INRIA :
"Créer et maintenir un service Web" (voir en
bibliographie >
Conception > Ergonomie).
(2) Voir en bibliographie
> Conception > Ergonomie.

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