2.2 - Accès
universel
Pour uvrer dans le sens d'un accès universel
à votre site, d'autres paramètres que ceux
purement logiciels (voir la section
précédente) sont également à
prendre en compte :
- la taille de l'écran : les configurations peu chères
comprennent un petit écran 17 pouces et une carte vidéo
qui ne proposent comme amplitude maximum de la fenêtre du navigateur
qu'un rectangle de 600 x 800 pixels (18) ;
- la carte graphique : les moins chères offrent une
palette de milliers couleurs, au lieu des millions de couleurs offertes
par les plus récentes ;
- un courant de recherche vise à rendre le web
accessible aux handicapés (19) :
or seules les pages de textes sont accessibles
intégralement grâce à un
synthétiseur de voix, à la navigation à
la voix ou par l'utilisation du braille ;
- les différences entre les Mac et les PC sous
Windows : les couleurs à l'écran sont plus
claires sur les Mac, plus sombres sur les PC sous Windows ;
les typos sont plus petites sur les Macs que sur les PC sous
Windows.
Une fois posée la nécessité de
réaliser un site accessible à tous, et si vous
y adhérez, voici quelques conseils pratiques,
à consulter tout en apprenant vos balises HTML.
- En achetant votre manuel HTML, vérifiez qu'il
précise bien, pour chaque balise ou chaque effet
spécial, sa compatibilité avec les
différentes versions des navigateurs. Actuellement,
on peut estimer que, dans les pays du Nord, la grande
majorité des versions installées comprennent
la version 3.2 du HTML. Pour être complètement
sûr et viser près de 100% du public mondial,
vous pouvez vous contenter de la version 2.0. De cette
manière, vous n'obligerez pas vos lecteurs à
télécharger la dernière version de leur
navigateur.
- Ne liez jamais une information ou un niveau
d'information importants à une technique qui ne soit
pas accessible à tous (ou qui sera
dépassée dans un an, tout va très vite
sur Internet...). Les éléments proposés
par les plug-ins ne peuvent être que des
enjolivements, et non des informations indispensables.
- Si vous décidez d'utiliser des effets
côté client non perceptibles par tous les
navigateurs, veillez donc à proposer des solutions
alternatives (plus simples techniquement), de manière
à ce que l'information fournie grâce à
ces effets soit quand même disponible (c'est ce que
les anglophones appellent "dégrader avec
grâce", to degrade gracefully). (20)
Quelques exemples dans les paragraphes qui suivent.
- Certains sites offrent, en guise de page d'accueil, une
grande image dont certaines zones sont sensibles et
proposent un lien lorsque le curseur les survole : ce
sont les "cartes cliquables". Or il existe des visiteurs qui
coupent le chargement d'image (nous verrons plus loin
pourquoi) : ils ne verront donc qu'un écran
vide, en arrivant sur la page d'accueil. Si vous pensez
utiliser cette technique, rajoutez absolument les
mêmes liens sous la forme de liens placés sur
du texte (navigation "texte seul"), même en tout petit
sous l'image (21).
- Même problème lorsque les boutons de
navigation des pages intérieures sont sous forme
d'images, d'animation, de menu déroulant ou de
javascripts type "onMouseover" : proposez une version
"texte seul" de la navigation, incluse dans le gabarit des
pages. (22)
- Réfléchissez bien avant d'utiliser des
"frames" (pour ma part je ne les aime guère) ;
il serait judicieux de réaliser en parallèle
une version "no frame" pour les navigateurs ne pouvant pas
lire cette technique (Netscape 1, Mosaic 1 et 2, Lynx). La
structure du site doit faciliter la mise à jour
automatique du contenu des deux versions ("frame" et "no
frame"), ou bien vous pouvez utiliser le langage WML.
- Idem bien sûr pour les sites utilisant des javascripts, qui doivent
être accompagnés d'une version "no script". Evitez de toutes
façon ces gadgets qui plantent trop souvent les ordinateurs et
obligent à une reconnexion à l'Internet : on lasse
ainsi très rapidement le lecteur. Si vous décidez que la
technique des menus déroulants est indispensable pour alléger
votre navigation, réfléchissez à une alternative
pour les navigateurs ne lisant pas le javascript, comme une page intermédiaire
de navigation proposant le contenu du menu déroulant avec ses liens,
installée sur l'item supérieur du menu déroulant,
celui qui est toujours visible, par exemple. De toutes façons testez
les effets des javascripts sur tous les navigateurs : vous aurez certainement
des surprises ;
- Les feuilles de style sont intéressantes, car
elles séparent la structure du texte de sa mise en
forme. Malheureusement, elles ne sont pas comprises par tous
les navigateurs. Par défaut, vous devez veiller
à ce qu'elles soient remplacées par les
balises classiques de niveaux de titre (H1, H2, H3, etc.).
Si vous décidez qu'une partie de texte doit
être mise en valeur, n'utilisez pas qu'une feuille de
style (par exemple, mettant le texte en rouge) :
doublez-la avec une balise classique (comme <b> pour
gras).
- Pensez à écrire, pour chaque image, la
mention <alt="..."> et à la rédiger avec
soin. Elle s'affiche à la place de l'image lorsque
votre visiteur coupe sur son navigateur le chargement
d'images, et doit lui permettre de décider si
l'illustration est suffisamment porteuse de sens pour
être visualisée. La version 4 de Netscape, par
exemple, affiche le message "Alt" pendant le chargement de
l'image, pour faire patienter le lecteur. Cette mention est
particulièrement utile pour les handicapés
visuels.
- Vous pouvez utiliser la technique des GIF
animées (une succession d'images qui rendent le
mouvement à la manière d'un dessin
animé) pour proposer de petites animations, c'est
très simple et visualisé par le plus grand
nombre. Mais sachez que ceux de vos lecteurs qui ne pourront
voir l'animation, garderont à l'écran la
première image de celle-ci. Soignez-la !
Après une période d'engouement il y a deux
ans, on estime maintenant que les GIFs animées sont
lourdes (le poids de l'image multiplié par le nombre
de celles-ci) et qu'elles attirent fortement l'attention du
lecteur pour le lasser très rapidement : peu de
bonnes causes méritent un tel traitement...

- Une des seules manières d'organiser de
manière fixe vos éléments à
l'écran, pour tenter une mise en page autre que la
simple succession de lignes verticales, consiste en les
installer dans les cases d'un tableau dont les bords sont
invisibles. Testez votre mise en plage sur plusieurs
navigateurs, car Netscape et Internet Explorer, pour ne
citer qu'eux, ne gèrent pas les tableaux de la
même manière. Sachez aussi que les tables
ralentissent l'affichage des pages, car votre navigateur
doit calculer les lignes et les colonnes pour y installer
les éléments qu'il a déjà
téléchargé. Evitez d'imbriquer des
tables dans des tables dans des tables, et morcelez les
longs tableaux afin que votre navigateur puisse rapidement
afficher le contenu du premier écran.
- Lorsque vous utilisez des tables à largeur fixe
pour installer votre mise en page, ou bien des feuilles de
style pour positionner dans l'absolu vos
éléments, évitez donc d'accoucher d'un
site visible uniquement sur un écran 21 pouces (on en
voit moins, actuellement, mais trop encore). Personne
n'utilisera l'échelle horizontale de son navigateur
pour lire la fin de vos phrases, ou tout du moins pas plus
de 3 lignes. J'ai entendu un jour une utilisatrice se
plaindre de ce qu'elle n'avait pas un ordinateur assez bien,
pour consulter le web, puisque son écran (de 15
pouces) ne lui permettait pas de voir les sites en
entier ! Ces sites grandiloquents ont été
conçus pour n'être vu que par le Big Boss (et
Big Financeur, par la même occasion), au chaud, dans
son bureau... Souvenez-vous pour votre part que les
ordinateurs peu chers vendus actuellement au grand public
comme étant multimédias n'ont qu'un
écran de 15 ou 17 pouces. Dans la section sur
les gabarits, vous trouverez des astuces pour
contrôler la taille de vos fenêtres, mais aussi
pour vous assurer qu'on peut imprimer vos pages web
directement sur du papier A4.
- A l'heure du choix des couleurs pour vos liens, le fond
des pages, vos boutons de navigation et autres
illustrations, et afin qu'elles ne soient pas
dénaturées sur des cartes graphiques ne
proposant que 256 couleurs, pensez à piocher dans la
palette de 216 couleurs communes aux écrans PC et Mac
(23).
2.2.1 - Les tests
Je recommanderais deux types de tests, à deux
niveaux de réalisation : les tests techniques de
compatibilité, à effectuer sur les gabarits,
et les tests humains de navigabilité, à
réaliser sur la version "bêta" du site, la
version d'essai avant l'installation définitive.
Lorsque vous aurez conçu vos gabarits et votre
page d'accueil, pensez à les visualiser sur toute une
palette de navigateurs : Netscape (dans ses
différentes versions : Netscape 1, par exemple,
vous permettra de contrôler la version "no frame"
évoquée plus loin), Internet Explorer (idem
pour les versions), Lynx (sur Unix et VMS), Opera, Amaya,
etc. Cette tâche, qui nécessite de nombreux
outils différents, tournant sur des plate-formes
variées, peut (doit) être effectuée par
des amis informaticiens. Vous pouvez vous contenter, pour
plus de 90 % de vos futurs lecteurs, de tester votre
site sur les version 2 à 5 de Netscape et d'Internet
Explorer : la note (24) vous indique
où récupérer de vieilles versions).
En ce qui concerne l'ordinateur lui-même, si votre
carte graphique le permet, testez avec différentes
résolutions d'écran (640x480 ;
800x600 ; 1024x768) et avec différentes palettes
(256 couleurs, milliers de couleur, millions...). Modifiez
la luminosité de l'écran pour vérifiez
que le contraste est suffisant dans les deux cas
(écran trop clair ou trop sombre). Faites varier la
taille des polices utilisées pour le texte, et la
taille de l'écran du navigateur (pour voir comment
réagissent les tables de mise en page).

Lorsque votre site est terminé, ou - si vous
êtes plus prudent - lorsque vous avez
réalisé les pages principales et des exemples
des pages secondaires, avec la navigation définitive,
il est temps de définir un panel de testeurs.
Choisissez des amis, ou des membres de l'association, que
vous considérez comme des utilisateurs
"lambda" : ils n'ont pas la dernière
génération d'ordinateur, ni la dernière
version du système d'exploitation ou des navigateurs,
ni la collection complète des plug-ins, et ne
maîtrisent pas toutes les arcanes de la navigation sur
le web. Installez le site chez votre hébergeur, ne
communiquez l'adresse qu'à ces amis et demandez-leur
de s'y promener. C'est là que survient l'étape
la plus difficile pour tout concepteur : il faut
absolument que vous acceptiez leurs remarques, et que vous
les preniez en compte. Car la vérité est
souvent douloureuse : ce ne sont pas eux qui sont des
imbéciles, des attardés, des béotiens
(ou tout autre qualificatif que votre honneur blessé
pourra vous suggérer), mais votre site qui est mal
conçu et qu'il vous faut corriger. Deux cadres pour
ces testeurs : soit ils font ça chez eux, tout
seuls, et ils vous communiquent leur verdict
(avantages : vous ne les influencez pas, et ils
utilisent leur configuration habituelle) (25) ;
soit vous êtes avec eux. Dans ce dernier cas,
demandez-leur d'exprimer à haute voix ce qu'ils
ressentent (manques, hésitations, plaisirs...) durant
la navigation, et ne les interrompez pas. Vous pouvez
également leur donner des tâches
précises à réaliser, choisies pour leur
exemplarité ou leur importance (l'obtention d'une
certaine information, par exemple), et noter quels
difficultés ils rencontrent, et combien de temps il
leur faut.
Pour tester la validité de vos liens, une fois
votre site achevé et mis en ligne, demandez à
votre fournisseur s'il fournit ce service de
vérification et possède un petit logiciel qui
examine les liens proposés et s'assure qu'ils
existent toujours, sont correctement écrits, etc.
Vous pouvez vous abonner à ce service par Internet,
en cherchant sur un annuaire la liste des "linkcheckers"
(26). Si vous avez un ami avec une machine
sous Unix, demandez-lui d'installer Checkbot ou Linkbot
(27), deux logiciels libres qui effectuent
ce petit travail fort utile, et même
périodiquement si vous lui demandez. Cette aide
automatique est particulièrement appréciable,
surtout si vous proposez et renouvelez constamment une liste
de liens conséquente.
Il existe enfin un petit logiciel, nommé Bobby
(28) (comme les policiers anglais), qui
peut vous aider dans vos tests. C'est un outil qui, en
analysant le code source de vos pages web, vérifie
qu'il est correct et qu'il permet l'accès aux
personnes handicapées, d'une part, et indique les
versions compatibles des navigateurs, d'autre part. Vous
indiquez l'URL de la page que vous voulez vérifiez,
et il vous affiche son rapport. La dernière version
de Bobby calcule également la rapidité de
chargement des images de la page (voir à ce sujet le
par. suivant), sur la base d'un (humble mais répandu)
modem de 28,8 kilobits par seconde (kbps).

Complétez cette section :
- Pour en savoir plus sur les gabarits, cf. par. 5.3 -
Gabarits.
- Le WML est abordé au par. 2.1.3 - Du
côté de chez l'auteur
- L'annexe 3 - Ergonomie sur le
web développe également le thème
des tests-utilisateurs.
- Pour l'accessibilité aux handicapés,
voyez l'annexe 5 - Accès des sites
aux personnes handicapées.
- Les feuilles de style sont abordées plus
longuement dans le par. 2.1.1 - Du
côté de chez le client.
 
Notes
(18) Certains lecteurs du web possèdent un écran
plus grand, mais accélèrent leur navigation en ouvrant plusieurs
petites fenêtres, ce qui leur permet de consulter un site d'un côté
tandis qu'un autre se charge. Sous Windows, modifiez la résolution
de l'écran (dans les préférences d'affichage), pour
les tests.
(19) En France, le site de BrailleNet vous
propose des informations, mais également un audit de
l'accessibilité de vos pages aux mal- et non-voyants,
ou encore une sensibilisation, pour les webmestres et les
équipes de mise à jour :
http://www.braillenet.org/
Voir également l'annexe 5 - Accès
des sites web aux personnes handicapées
(20) Voir le site de la FEDEL
(Fédération des élus locaux), un bon
exemple qui propose deux versions selon les capacités
de la machine client : un sommaire "conventionnel,
navigateurs 3.x" et un autre "multimédia, navigateurs
4.x + extensions multimédia" :
http://www.fedel.org
(21) Voir la page d'accueil du site de la
Bibliothèque Gustav Mahler :
http://www.bgm.org
(22) Voir le site du Musée des
Augustins, à Toulouse. Testez la page d'accueil en
autorisant, puis en coupant les Javascripts :
http://www.augustins.org/
(23) Vous trouverez cette palette, ainsi
que des explications sur son utilité et son
utilisation, sur le site de Linda Weinman (en anglais) :
http://www.lynda.com/hex.html
ou sur le site "Big Nose Bird" (en anglais) :
http://bignosebird.com/safecol.shtml
(24) Voir, pour les anciennes versions des navigateurs,
le site http://browsers.evolt.org/
(25) Des amis avaient, pour ce faire,
créé une liste de travail, sur courrier
électronique, regroupant leurs "testeurs", afin de
discuter ensemble des améliorations à apporter
à une version d'essai de leur site.
(26) Sur Yahoo, voyez dans :
Computers and Internet > Information and Documentation >
Data Formats > HTML > Validation and Checkers
(27) Le site de Checkbot (en anglais)
:
http://www.xs4all.nl/~graaff/checkbot/
(28) Le site de Bobby (en anglais) :
http://bobby.watchfire.com/bobby/html/en/index.jsp

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