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1.2 - Vous avez dit
"associatif " ?
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1.2 - Vous avez dit
"associatif" ?
Pourquoi rédiger un ouvrage destiné aux
associations ? Le service de l'Internet que l'on nomme
web, et qui permet, sur le réseau mondial, de
proposer des informations à la consultation, n'est
pas vieux. Le concept a été
développé en 1989, puis mis à
disposition du public, grâce à la
première machine "serveur" accessible d'abord aux
seuls universitaires, à partir de 1992. Accompagnant
l'irruption de l'Internet dans le grand public, l'explosion
du nombre des pages web ces dernières années
est due à deux types d'acteurs : une
communauté originelle de formation universitaire et
informaticienne, d'une part, qui a tout de suite
utilisé l'outil pour accélérer
l'échange d'idées entre chercheurs, mais aussi
entre groupes d'opinion ; des acteurs
économiques puissants, d'autre part, ("à qui
profite l'Internet ?") comme les constructeurs
d'ordinateur, les concepteurs de navigateurs (Netscape vs.
Internet Explorer, pour ne citer que les plus visibles), et
les annonceurs ("faire de la pub sur le web, ça
rapporte ?"). Deux types d'acteur, donc, deux
philosophies, deux stratégies, et, pour ce qui nous
intéresse, deux manières d'appréhender
l'utilisateur de l'outil Internet.
Dans le premier cas, le dynamisme de la communauté
universitaire et des groupes d'opinion a produit un
phénomène unique dans l'histoire des
médias : l'utilisation de l'outil et le
développement de son contenu par et pour la
communauté originelle, sans intervention d'acteurs
économiques extérieurs. On comprend
immédiatement que les utilisateurs du web
étaient, dans ce cadre, tout à la fois
lecteurs et auteurs de l'information proposée. Plus
tard, lorsque les acteurs économiques sont
entrés en scène, est apparu le profil de
"consommateur" de l'information, les fameux "surfeurs" dont
on compte les "hits", et qu'on tente de retenir sur des
sites publicitaires sans contenu. Il me semble pour ma part
que les associations ont leur place à créer et
à maintenir dans le web, afin qu'il conserve une
fonction citoyenne : elles doivent se distinguer par la
qualité des idées exposées et celle de
leur agencement, et non par les derniers cyber-gadgets ou un
graphisme éblouissant : voilà pourquoi je leur
dédie ces quelques conseils.
Quelques raisons, donc, dans le désordre, pour
"être sur Internet". Ni "outil d'une utopie humaniste"
(4), ni "repaire de pédophiles et de
terroristes", le web est pour moi tout simplement un outil
de propagation des idées. Point. Il convient d'en
connaître les caractéristiques afin de
l'utiliser au mieux de ses capacités, comme je
bichonnais ma Heidelberg (5) il y a quinze
ans. Et il me semble tout aussi indispensable que les
secteurs social, militant et associatif utilisent le
réseau, pour y être présents et
actifs.
Je vous propose dans ce livre d'utiliser à fond
vos capacités à travailler en équipe,
caractéristiques de l'activisme associatif, pour la
conception de votre site, d'une part, et sa mise à
jour, d'autre part.

Quelles sont donc les qualités du web, qui en font
un outil particulièrement adapté à une
association ? Un site web revient beaucoup moins cher
qu'un journal, qu'un mailing, qu'une campagne publicitaire,
pour informer et convaincre, et ce bien au-delà des
frontières nationales. Bien sûr, je suis
consciente que son public est encore minoritaire, et se
situe dans les classes aisées et intellectuelles du
Premier ou du Second Monde (mais nombre d'associations
visent ce public, après tout...). En ce qui concerne
le site web de mon association, par exemple, j'ai rapidement
compris qu'il n'était pas, quant à
l'efficacité de notre action sur les
mentalités françaises, à mettre au
même niveau qu'une simple diffusion du journal sur les
marchés, où nous sommes au contact direct avec
l'électorat et les troupes du parti adverse. Par
contre, nous avons reçu par courrier
électronique les félicitations d'un public
auquel je n'avais pas pensé : tous les
expatriés ravis d'avoir de l'information
récente sur notre mouvement. Et les questions de
chercheurs ou d'étudiants en sciences sociales du
monde entier, ainsi que des contacts avec d'autres
associations de même sensibilité. Le web est
donc bien complémentaire d'une communication
traditionnelle.
Il revient beaucoup moins cher à maintenir, pour
une même quantité d'information, que les
médias traditionnels (journal, radio, mailing,
publicité imprimée...). Et si vous prenez soin
de réaliser un site simple, sa mise à jour
peut être effectuée en interne, sans l'aide
d'intermédiaires ou de spécialistes. Vous
pouvez y placer toutes vos archives, et les offrir ainsi
librement à la consultation ; vous pouvez
également proposer plusieurs chemins d'accès
à vos documents, selon les types de visiteurs que
vous aurez définis.
Un site web permet de mettre rapidement à jour les
informations, de distribuer des textes déjà
numérisés que l'on peut ainsi
réimprimer sans avoir à les saisir, de
réduire les frais de communication (fax,
téléphone) dans le cas d'une association
uvrant dans plusieurs pays, si l'on prend soin de
créer une partie intranet. Il participe enfin
à la constitution d'une communauté
d'idées internationale, en favorisant la
communication entre associations de même
sensibilité (6).
Par contre, ne nous leurrons pas. Nous restons, avec le
web, dans un rapport unidirectionnel entre le "fournisseur"
de l'information et son "réceptionnaire". Je trouve
que le concept d'interactivité est assez creux, un
argument purement publicitaire pour "vendre de l'Internet".
Certains sites par exemple proposent un "forum", pour faire
participer le lecteur, mais je n'en ai pas trouvé de
très passionnants. La solution de la liste de
discussion, véhiculée par le courrier
électronique, est de nos jours beaucoup plus riche et
efficace. Le rapport avec le lecteur s'effectue, lui aussi,
au travers du e-mail généré par le
site. L'équipe qui effectuait la mise à jour
de notre site, éparpillée dans toute la
France, travaillait à merveille avec le courrier
électronique : certains de ses membres ne
s'étaient jamais vus et se connaissaient pourtant
bien, grâce à la pratique de cet outil. Chacun
avait décidé de son niveau de participation et
s'y tenait avec un grand sens de la responsabilité,
et les modifications fondamentales que nous avons
apportées au site ou à l'équipe en
charge ont été adoptées
démocratiquement et mises en uvre après
discussion par e-mail (nous sommes tous très
occupés, et je fais mal la cuisine : difficile
dans ces conditions de nous réunir
périodiquement).

Enfin, un site associatif se distingue par le souci qu'il
a de ses visiteurs. Les associations ont une longue pratique
de la communication, quel que soit son degré de
sophistication : il est fondamental pour elles de
diffuser leur message et d'augmenter constamment le nombre
de personnes réceptives, puis actives. Surtout sachez
définir ce précieux capital, votre
communication, en quoi elle ne ressemble à aucun
autre discours, et sachez le réinsuffler dans l'outil
web. Ne vous laissez pas intimider par la technique, par
l'informatique : un chef de projet m'assurait, il y a
quelques temps, qu'il ne pouvait pas perdre de temps
à réfléchir à la structure de
son site, puisque son prestataire allait sûrement
avoir des tas de solutions techniques tout à fait
pertinentes. Avez-vous déjà demandé
l'avis de votre imprimeur sur la politique éditoriale
et le contenu de votre bulletin, avant d'en
réaliser le premier numéro ?
Bref, soyez vous-même. Et apprenez juste ce qu'il
faut de technique pour ne pas vous laisser entraver par elle
dans votre mission fondamentale : informer, mobiliser,
agir.

Complétez cette section :
- Pour en savoir plus sur le thème de l'internet
non-marchand, je vous recommande l'ouvrage de Mona Cholet :
"Marchands et citoyens, la guerre de l'internet" (voir en
Bibliographie).
- Si vous prévoyez un intranet, voyez le ch. 3.1 -
Quelles informations pour quel public
(internet et intranet)
 
Notes
(4) Titre d'un article paru dans Le
Monde du 1er octobre 1997.
(5) Machine pour l'impression en offset,
d'origine allemande.
(6) Que vous soyez en quête d'astuces
javascripts ou de conseils pour le financement de votre
site, que le rôle de webmestre associatif vous
passionne ou vous intimide, consultez le site de la liste
des webmestres associatifs :
http://www.web1901.org
- Je vous propose cette thèse, de Jean-Philippe
Henry : "Trop éthique pour être au net ?", sur
la philantropie sur Internet. Allez la chercher sur le site
de l'OUI (l'Observatoire des Usages de l'Internet) :
http://www.oui.net/fac/recherche/tropetiq/
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