1 - REFLECHIR AVANT DE TAPER DU
HTML : POUR QUI ? POURQUOI ?
1.1 - Hommage au
webmestre
1.2 - Vous avez dit
"associatif" ?
Présentation
Sommaire
Moteur de recherche
Contact avec l'auteur
|

|
Chapitre 1
Réfléchir avant de taper du HTML :
pour qui, pourquoi ?
Introduction
Je me trouvais récemment dans une librairie
spécialisée en informatique, et demandais les
dernières nouveautés parues dans le domaine de
la conception de sites web. Le vendeur très
empressé et connaissant bien son fonds m'a
successivement proposé un ouvrage sur le
référencement des sites (comment faire pour
que votre site apparaisse lorsqu'un lecteur lance une
requête par un moteur de recherche sur le thème
que vous traitez), un autre sur le Javascript (un langage
spécifique au web) et un troisième sur la
conception graphique des sites. Aucun bien sûr ne
correspondait à mon thème de
réflexion : foin de la technique et de
l'informatique, je cherchais - et cherche
toujours - à affiner une méthode traitant
du fonds et non de la forme, pour sélectionner,
organiser et présenter les informations dans un site
web, afin qu'il soit tout à la fois un reflet
personnel de l'association qui l'anime et un lieu plaisant
et efficace de découverte et d'information pour le
lecteur.
C'est comme ça : je réfléchis
souvent après avoir agi, ce qui n'est peut-être
pas très logique, mais offre l'avantage certain de
faire porter la réflexion sur une pratique
éprouvée, qui a dévoilé les
embûches et trouvé des solutions plus ou moins
heureuses, et cela en vue de l'améliorer. J'ai
commencé à chercher de la documentation sur la
conception de sites (1) alors que je
passais depuis deux ans déjà bon nombre de mes
soirées à alimenter un site web associatif que
j'avais conçu et réalisé. Ce livre est
donc un essai de théorisation de mon
expérience, enrichie de lectures et de ma pratique
comme "conseil - bénévole - en
site web" auprès d'associations.
A l'origine du site dont j'ai été la
webmaîtresse, une remarque anodine, fin 1996, du
type : "Et si on faisait un site web ?"(2).
Ne souriez pas, je persiste à penser que c'est une
motivation tout à fait suffisante si, après
l'indispensable réponse à la question
subsidiaire "pouquoi faire ?", elle réussit à
emmener toute une équipe à travers un long et
ardu travail, jusqu'au but souhaité. A
l'époque, nous avions passé quelques minutes
seulement à lister le contenu du site, et je
m'étais proposée pour le réaliser, avec
l'aide d'un ami informaticien.
Notre connaissance du web et de son histoire nous avait,
au préalable, mis d'accord sur la
nécessité de réaliser un site simple
d'accès, accessible, en France comme à
l'étranger, à des lecteurs non-informaticiens
connectés avec un matériel informatique de
base (machines parfois anciennes, petits écrans), et
des communications onéreuses et peu efficaces (en
particulier en ce qui concerne les pays du Sud). Je
tâcherai de vous convaincre que cette
préoccupation doit être à la base de
tout site associatif : voilà pourquoi le
chapitre deux, "Maîtriser la technique", propose et
défend les concepts d'accès universel et de
rapidité de chargement.
Les thèmes de rubriques que nous avions alors
relevés sur un coin de la nappe du café
reprenaient en fait la "communication papier" de
l'association : il s'agissait de notre texte
fondateur ; d'une partie du contenu du journal
(l'édito et le dossier) ; de la liste des
adresses des collectifs ; du contenu d'un livre que
nous avions édité, reprenant une
sélection des articles du journal depuis sa
création ; d'une rubrique expliquant nos
méthodes d'action et nos thèmes de
réflexion, avec les commissions ad-hoc ; de
notre boîte postale et de l'adresse e-mail, le tout
enveloppé dans un graphisme simple, reprenant notre
logo et ses couleurs, le rouge, et le noir pour le texte.
Pour m'insérer dans le web et reprendre une pratique
d'ouverture que j'apprécie, j'ai ajouté une
page proposant des liens intéressant vers le reste du
réseau. Nous avions là, avec cinq grandes
rubriques, ce que j'appelle maintenant une belle "carte de
visite" : une transposition guère
améliorée de notre communication existante,
utilisant la technique Internet.

Or l'outil web, de par ses caractéristiques
(communication rapide, à moindre coût, et
universelle), s'offrait aussi parfaitement, me semblait-il,
à représenter et à servir
l'organisation très spécifique de notre
association : un réseau de collectifs locaux,
réunis par une charte, un journal et des
réunions périodiques, mais agissant dans leur
ville ou leur département de manière
très fine et autonome en s'adaptant aux conditions
politiques locales. Les retrouvailles nationales
réunissant les représentants des collectifs
n'étaient pas assez nombreuses, et les thèmes
abordés toujours trop riches, pour leur permettre en
plus d'échanger paisiblement textes de tracts,
expériences, tuyaux et bonnes idées d'actions.
Le web pouvait permettre de mettre en place une
communication horizontale, entre ces collectifs. J'ai donc
ajouté au site web une rubrique "Pages locales", qui
allait se nourrir des pages conçues et
réalisées par les collectifs locaux. Dans mon
idée, cette section devait tout à la fois
présenter nos actions concrètes aux lecteurs
extérieurs à l'association, et permettre une
communication horizontale entre les collectifs, une sorte
d'"intranet" ouvert à tous.
Avec le temps, dimension essentielle sur le web, il s'est
avéré que la structure de notre site telle
qu'elle était définie par ces rubriques
initiales, convenait tout à fait à
l'association : les aménagements que nous avons
apportés au site (création ou enrichissement
de rubriques) ne nous ont pas obligés à une
refonte totale, et nous avons pu y insérer sans peine
les nouveautés. J'ai vraiment eu de la chance, j'en
suis consciente maintenant, et je vous propose, dans le
chapitre trois "Les éléments de
l'architecture", de prendre un peu plus de temps que moi
pour définir contenu, buts et lectorat(s) du site.
Vous organiserez ainsi au mieux vos informations, par
rubriques et sur la page d'accueil, en prenant
également en compte l'évolution du site telle
que vous aurez pu la définir, et sa mise à
jour. Le chapitre six, "Propositions pour une méthode
de travail", vous invite à la même
réflexion, mais organisée en séances,
afin que vous puissiez planifier et réaliser la
réflexion au sein de votre équipe, selon le
temps disponible. A cette méthode s'ajoute la
rédaction de documents reprenant les prémices
du site, tant conceptuelles que techniques, qui vous
aideront à en conserver la mémoire pour les
générations - pardon -, pour les
équipes futures, qu'elles soient chargées de
la mise à jour du site ou d'une refonte
substantielle.
Après deux mois de chantier, et lorsque le site a
été suffisamment consistant pour pouvoir
être visité avec profit, j'ai
décidé de le lancer sur le web, et choisi pour
cela la date d'une grande manifestation nationale de notre
association. Puis je me suis attelée, semaine
après semaine, à actualiser ses informations
(nouvelles adresses des comités, dernier
numéro du journal, installation des pages locales...)
et à répondre au courrier électronique
qu'il suscitait. Lors de la conception, j'avais noté
les rubriques qui nécessitaient d'être tenues
à jour, et vérifié que j'étais
en mesure de le faire seule, question temps. Mais
l'agrément de faire partie d'une association
réside quand même en grande partie dans le fait
qu'on n'agit pas seul(e), justement. Le site prenant de la
bouteille, et étant mieux connu, j'ai trouvé
d'autres militants pour former un petit groupe chargé
du suivi. J'ai aussi pris de l'assurance pour en parler lors
des réunions nationales, demander à ce que son
URL et l'adresse électronique soient publiés
dans le journal, proposer aux collectifs locaux qu'ils
ouvrent leur "page perso" sur le site, tenter de rendre plus
efficace le transfert d'information pour alimenter le site.
Bref, j'ai travaillé à ce que ce site, fruit
d'une réflexion menée entre peu, devienne
l'outil de tous. Voilà qui est joliment dit, mais pas
facile à faire : jetez un coup d'il au
chapitre quatre, "Animation du site : la composante
humaine", pour comprendre les écueils - et les
satisfactions - qui vous attendent.

Le chapitre cinq, "Quelques conseils de
réalisation", traite des éléments
constitutifs d'un site web : textes, images, graphisme,
liens hypertexte, fichiers informatiques... Il propose des
méthodes pratiques pour simplifier et organiser le
travail, comme la réalisation de gabarits HTML ou le
rangement des fichiers et des dossiers sur votre machine.
Comme dans le reste de ce livre, les indications qui y sont
données servent tout aussi bien à
réaliser soi-même ces textes ou ces images,
qu'à juger de leur qualité et de leur
adéquation s'ils sont conçus en
extérieur. Pour la première fois d'ailleurs,
entre en scène un professionnel comme le graphiste,
qui met son talent au service de l'association et de sa
réflexion sur son site web. Cette collaboration n'est
pas indispensable, mais elle offre certainement un plus si
les deux partenaires savent se comprendre.
En parlant de partenariat... Voyons un peu le cas
où votre association, pour des raisons
variées, décide de confier la conception et/ou
la réalisation de son site à un prestataire.
Lorsque j'ai eu écrit et mis en ligne la
première version de ce texte, début 1998, je
me suis proposée d'aider bénévolement,
comme "conseil", les associations qui menaient une
réflexion sur leur futur site web. C'était
l'occasion de tester mes théories et mes
méthodes, c'était aussi une manière
utile de collecter des informations et d'autres
expériences pour enrichir mon texte. J'ai ainsi pu
donner quelques conseils à une grosse ONG, une de ces
associations dont le budget de fonctionnement annuel se
compte en centaines de milliers de francs. Ma participation
consistait en conseiller le chef de projet dans ses
relations avec l'agence chargée de réaliser
leur site web. J'ai rapidement estimé qu'il
s'agissait surtout de l'empêcher de se faire vendre,
pour une somme assez exhorbitante, un produit tout fait,
sans personnalisation, sur la base d'un document de
conception proposé par l'agence et pouvant, par la
grâce d'un "copier-coller" sur le nom du client,
servir tout aussi bien au site d'un grand fabricant de
yaourt, qu'à celui du comité d'entreprise
d'une administration centrale. Pour me mettre dans
l'ambiance des prestataires, j'ai lu des uvres
édifiantes destinées aux jeunes commerciaux
dynamiques, j'ai discuté avec des agences, que ce
soient des services constitués par les grands
hébergeurs nationaux ou des équipes
indépendantes et plus humbles, j'ai parlé
devis et contrats... Et réuni quelques pistes pour
une saine collaboration dans le chapitre six, "Travailler
avec un prestataire".

Notes
(1) Voir en bibliographie les
références proposées, trop souvent en
anglais malheureusement.
(2) Il s'agit de l'association "Ras l'front", qui milite
contre les idées propagées par le Front national. A l'époque,
ce dernier était le premier parti, en France, à avoir son
site national.
|