Conception, refonte de sites web :
la méthode de la conception participative
Dernière mise à jour le
5/05/10
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2. Cadre de la collaboration
La réalisation d'un site web consiste en un grand
nombre d'étapes - petites et grandes, mais toutes essentielles
- qui doivent se suivre dans un ordre précis, et avec des étapes
de validation, tout ceci afin de ne pas risquer de devoir tout détricoter
et retricoter. La matérialisation du site - hiérarchisation
de l'information, principes de navigation, charte graphique - est l'expression
finale des nombreuses décisions prises : à chaque étape,
il importe que le service demandeur en connaisse l'importance et l'impact,
afin de personnaliser au mieux les choix.
J'apporte le plan d'action - élaboré grâce
à mes compétences "outil" -, je le montre, je
l'explique, et demande qu'on s'y soumette. Ce plan d'action consiste en
une liste chronologique de questions, que je pose en prenant soin d'expliquer
les conséquences des choix : les réponses proviendront toutes
du service demandeur. Le résultat de la réflexion sera consigné
dans un document mémoire du site (nous en reparlerons).
Le service demandeur attend de moi que je l'oriente, et
que je l'écoute : qu'il soit assuré que ses demandes seront
toutes prises en compte, et intégrées au bon endroit - celui
de leur efficacité maximale - dans le produit final.
2.1. L'équipe de travail
Pour participer, il faut être plusieurs
Et puis
il faut avoir quelque chose à dire, envie d'en être, et le
temps. Ceci posé, l'équipe idéale comportera un "décideur",
car il y a des choix politiques à effectuer, un "technicien",
celui qui réalisera et mettra à jour le site (l'une des
variables importantes est le temps disponible pour la mise à jour
des pages), et un "communiquant", quelqu'un qui connaît
bien le service, vers qui converge l'information et qui a goût à
la redistribuer. On aura besoin d'un excellent "rédacteur",
également, pour réaliser les textes.
L'une de mes plus redoutables tâches est d'indiquer
dès le début que la réalisation d'un site web, ou
sa refonte, est certes possible - je m'en porte garante - mais qu'elle
demande du temps et du travail. Pas de compétences techniques,
par contre, autre qu'une bonne pratique des outils de l'internet (web
et courrier électronique). Techniquement parlant, je me charge
d'élaborer, en fin de projet, les gabarits nécessaires à
la réalisation des pages, et de former la ou les personnes en charge
de la création du site. Car je ne réalise pas les pages
: la conception du bébé revient au service demandeur, et
son accouchement itou, rien de tel pour connaître un site jusqu'au
bout du HTML.
2.2. Le cahier des charges
Ce premier document, un simple mais indispensable fichier
texte, réunit les réponses du service demandeur aux questions
de base de tout projet de communication : pourquoi un site web ? en quoi
sert-il les internautes ? en quoi sert-il le service ? quel(s) public(s)-cible
? quelles informations ? quelle image de lui-même le service veut-il
donner ? y a-t-il une charte visuelle du service demandeur à transposer
sur le web (logos, couleurs, typographie, images, etc.) ?
En cas de refonte : quelles manques, quelles améliorations
à la précédente version du site ? Mais aussi quels
atouts à conserver ?
Etude des sites de la "concurrence" : quels sont
les bons sites, et pourquoi ? quels sont les mauvais sites, et pourquoi
?
Pour la création du site : documents textes ou graphiques
disponibles, compétences rédactionnelles
Pour la mise à jour, plus tard : temps (attention
à bien sensibiliser le " décideur " à la
charge de travail nécessaire à la mise à jour des
rubriques), compétences, matériel informatique et logiciel
disponibles.
Réseau de communication interne : les membres du
service, non présents dans l'équipe de conception, sont-ils
sensibles à l'utilité du site web ? Ont-ils également
des besoins ? Penseront-ils plus tard à communiquer l'information
dont ils disposent pour qu'elle soit mise en ligne ?
Le cahier des charges servira bien sûr d'aune pour
mesurer la qualité de la réalisation finale.
2.3. Le rubricage global
Grâce aux définitions précédentes,
on est à la tête d'un tas d'informations. Il faut maintenant
les organiser, les ranger, en fonction de priorités (définies
par le service demandeur, selon les publics-cible) et de pratiques (études
des sites web proches connus et appréciés - apport du service
demandeur, et de l'ergonomie web en général - c'est mon
apport).
Jusque là, tout va bien. L'atmosphère se gâte
généralement au point suivant, écueil nécessaire
(mais je suis la seule convaincue, à cette étape de la conception,
qu'il est nécessaire : "vous verrez, c'est pour votre bien").
2.4. Le rubricage technique
Ce document-texte est la version détaillée
du rubricage global.
Il comprend :
- la liste complète des pages, classée de manière
hiérarchique (rubrique 1 - sous-rubriques 1.1 et 1.2, sous-sous-rubriques
1.1.1 à 1.1.4, X pages de contenu pour chacune),
- pour chaque rubrique, pour chaque page, le titre définitif
et une brève description du contenu (s'il s'agit d'une refonte
de site, on indique l'URL de la page existante équivalente),
- des indications de rangement physique (nom des répertoires,
sous-répertoires, nom des fichiers HTML correspondant à
chaque page) (5). Si le répertoire est destiné
à contenir un grand nombre de pages sur le même modèle,
préciser la " politique de nommage " (par exemple,
un fichier par région = region.htm),
- des indications de format (.html, .pdf, etc.),
- pour les rubriques concernées, l'indication de l'archivage
de l'information caduque : oui ? non ? si oui : comment, où et
quand ?
- les liens complémentaires : pages dont le contenu complète
utilement le thème abordé.
On en profitera également pour déterminer
et noter les meta-tags et les balises de titre, utiles pour le référencement
du site.
Le rubricage technique est indispensable :
- pour préciser intégralement la structuration de l'information
(découpage du plus général au plus précis),
- pour déterminer la " profondeur " du site (combien
de sous-niveaux nécessaires), ce qui aura une influence déterminante
sur les principes de navigation nécessaires,
- pour vérifier qu'il n'y a pas de déséquilibre
entre des rubriques maigrichonnes et d'autres replètes,
- pour vérifier la future coordination entre les pages,
- pour homogénéiser la présentation des contenus
de rubrique (même nom et même type de page d'accueil de
rubrique, par exemple),
- pour compter le nombre de pages final,
- pour réaliser les textes nécessaires, sans en oublier,
- pour réaliser les gabarits (une page par rubrique, par sous-rubrique,
avec les éléments de navigation finaux),
- pour réaliser les pages du site (on n'aura alors plus à
se soucier que de HTML),
- pour la compréhension du site, plus tard, lors de la mise à
jour.
Son défaut principal : il doit être extrêmement
précis, alors que peu de gens sont capables, à cette étape
de la conception, de le transposer en terme de site web. Autrement dit,
l'équipe peine à revêtir ce squelette de la peau,
des muscles, et de la couleur des yeux leur permettant d'y voir l'être
séduisant qui en sortira.
Cette étape est longue, ardue : certaines équipes
n'y arrivent pas seules. Et ce document a le chic (c'est son rôle)
pour mettre en lumière une foule de détails importants,
non réglés dans la phase antérieure de rubriquage
global.
2.5. Sensibilisation du reste du service
Tout au long du travail de conception, il faut veiller à
informer l'ensemble du service des progrès du projet. Cette sensibilisation
vise à impliquer tout le monde, de manière à commencer
à établir le réseau de communication qui mènera
l'information jusqu'au bureau de la personne chargée, plus tard,
de la mise à jour. On peut imaginer plusieurs interventions :
- Tout au début : présentation du projet, de la conceptrice
multimédia, de son rôle, et des membres de l'équipe
de conception.
- Présentation de documents intermédiaires : il faut choisir
des documents lisibles par tous. Le rubricage global en est un, le rubricage
technique pas vraiment. La charte graphique est celui sur lequel tout
le monde réagira (c'est un peu tard, malheureusement, mais mieux
vaut tard
)
- Présentation du site terminé, par l'équipe de
conception, à l'ensemble du service
- Formation à l'utilisation du site, plus personnalisée
2.6. Des développements sont-ils nécessaires
?
Le rubricage global permet d'évaluer si des développements
informatiques sont nécessaires (bases de données, formulaires,
etc.). A moi d'accompagner l'expression des besoins, et de faire l'interface
avec les développeurs. J'assure également le suivi des développements,
et leur mise en service. Je veille à la rédaction d'une
documentation qui précise les domaines d'intervention de chacun.
2.7. Charte graphique
Quand le rubricage technique est fini (ouf), l'équipe
choisit une gamme colorée.
Et j'ai maintenant tous les éléments nécessaires
pour réaliser un prototype de page, généralement
sous Photoshop pour pouvoir le modifier rapidement, qui comprend les éléments
d'identification (où suis-je ?) et de navigation (où puis-je
aller ?).
Cette étape est fondamentale : l'équipe s'empare
du projet enfin matérialisé, elle commente, modifie, amende
et valide. Il arrive que l'on modifie les intitulés de rubrique
ou même le contenu et la répartition de l'information. Le
prototype est un bon élément à montrer à l'ensemble
du service, pour l'inclure dans le processus de conception : tout le monde
sait lire une image, tout le monde a un avis sur ce qui est joli ou non,
sur un bon site web.
La charte graphique, même si elle n'est que le papier
peint (la toute dernière étape), dans la maison que nous
travaillons à construire, doit plaire. C'est l'émanation
du service, c'est lui qui la verra à longueur de journée,
c'est la première impression qu'il donne, à l'extérieur.
Il faut absolument établir, au sein de l'équipe de conception
- voire au sein du service tout entier - un consensus basé sur
le plaisir de l'il.
C'est la dernière grande étape de conception
: elle aussi peut être longue, en terme d'allers et retours.
2.8. Réalisation : gabarits et textes
Chacun son job, maintenant : les rédacteurs rédigent,
les décideurs approuvent les textes. De mon côté,
je transpose la charte graphique en pages web, je fais des tests sur des
pages-types (6) (soumises à l'équipe de
conception : "est-ce que ça marche ?"), je crée
l'architecture physique, je réalise et y range les gabarits nécessaires
à la création des pages.
2.9. Réalisation du site
Je forme à la technique de réalisation et
de mise en ligne des pages, et j'assure le suivi de la réalisation,
jusqu'au bout. Une fois terminé, le site doit être validé
par le responsable du service demandeur, et par la webmestre. C'est moi
qui le mettrai en ligne.
2.10. Tests-utilisateurs
Les tests-utilisateurs sont une excellente pratique, pour
tester le site bien sûr (7), et aussi pour resserrer
toujours plus les liens entre l'équipe de conception et son site.
La procédure, c'est moi qui la propose, bien sûr : mais c'est
l'équipe qui sélectionne les testeurs, qui rédige
les questions à leur poser. L'un de ses membres assiste au test,
et prend des notes. Le compte-rendu de chaque test est rédigé
à deux, ainsi que le bilan final. Les modifications nécessaires
sont décidées par l'équipe (je ne fais que des recommandations,
en général de type ergonomiques), et réalisées
par elle. A cette étape du projet, l'équipe a tous les éléments
en main pour pouvoir décider seule, et c'est parfait. C'est vraiment
son enfant qu'elle habille.
2.11. Mise à jour et documentation
Plus besoin de moi pour élever et faire grandir l'enfant.
Juste un peu d'aide technique, de temps en temps ? Je peaufine de mon
côté le document de conception/réalisation, parce
que tout le monde en a assez, des fichiers textes. Ce document est l'acte
de naissance du site, et son carnet de santé : il comprend le rubricage,
et toutes les données techniques nécessaires à la
mise à jour. Il est stocké dans un lieu où l'équipe
et moi-même pouvons y accéder : charge à l'équipe
de le tenir à jour, en y consignant les changements importants.
Il servira si la personne chargée de la mise à jour change,
à former sa remplaçante, ou lors de la prochaine refonte,
à déterminer plus rapidement les éléments
à modifier, et ceux à conserver.
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Notes
(5) Ceci dans l'hypothèse d'un outil de réalisation
permettant une organisation du rangement. Inutile dans le cas des WCM,
par exemple.
(6) Avec quelques "vrais" textes : un exemple
de page longue, de page courte, de tête de rubrique, de niveau inférieur,
une page-type d'un contenu reproduit
(7) Je réalise pour le moment les tests-utilisateurs
lorsque le site est terminé, mais avant sa mise en ligne. L'équipe
est en mesure de réaliser elle-même les modifications jugées
nécessaires.
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